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    Vulgarisation et industrie : je t’aime moi non plus !

    Vulgarisation et industrie : je t’aime moi non plus !

    vulgarisation scientifique industrielle

    Dans un environnement de plus en plus technologique et réglementé mais aussi de plus en plus connecté, ouvert et transparent, les industriels ont-ils intérêt à créer du lien avec les citoyens ou peuvent-ils encore se conforter dans un entre-soi réservé à leurs pairs ?

    Posée ainsi, la réponse s’impose. Dans les faits, si la société civile est de plus en plus avide d’informations scientifiques, techniques et règlementaires vulgarisées, industriels et experts ne semblent pas toujours convaincus du bien-fondé de communiquer sur leurs projets ou leurs organisations, hors de leur sérail.
    Pourtant, des sujets tels que les nanotechnologies, les polluants, l’intelligence artificielle, les OGM ou les biotech, réveillent peurs ou espoirs, selon la psyché des uns et des autres. Créer des passerelles pour que les experts de différentes disciplines puissent interagir, que les sciences humaines contribuent à l’acceptation des sciences dures, et que les citoyens soient inclus dans ces échanges en misant sur leur bonne compréhension des technologies émergentes est aujourd’hui une nécessité sociétale.

    Et les Lumières furent !

    Aucun altruisme de la part de Colbert lorsqu’il crée en 1666 l’Académie Royale des Sciences : son objectif est alors de pouvoir contrôler les découvertes et avancées de la recherche et d’imposer sa censure. Mais la création de cette institution entraîne une situation, dont nous ne nous sommes pas encore totalement sortis aujourd’hui, avec une population savante d’un côté et une population profane de l’autre.

    La première œuvre de vulgarisation est écrite par Bernard Bouvier de Fontenelle qui, en 1686, fait converser un astronome et une jeune marquise futile et inconsistante dans Les Entretiens sur la Pluralité des mondes. S’en suit alors, avec le siècle des Lumières, une époque bénie pendant laquelle les sociétés savantes et les salons bourgeois donnent une vision positiviste des sciences, et installent une image qui va perdurer et se renforcer avec les innovations structurantes du 19e siècle. Les découvertes technologiques d’alors, telles que le téléphone, l’électricité, le moteur à explosion mais aussi les antibiotiques ou le cinéma, changent pour toujours le quotidien des citoyens. Grâce à Jules Ferry l’éducation devient accessible à tous et annonce un monde à jamais différent : le savoir est désormais partagé. 

    À la fin du 19e siècle et au début du 20e, les premiers journaux scientifiques, notamment La Science française revue populaire illustrée, voient le jour, et des musées comme le Palais de la découverte ouvrent leurs portes. La recherche publique se professionnalise avec la création de grands organismes comme le CRNS ou l’INH (devenu l’Inserm).
    Le secteur industriel privé, quant à lui, préempte le domaine de l’innovation.

    Des heures plus sombres

    La seconde guerre mondiale, avec les bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki, le nazisme et l’implication de certaines entreprises industrielles allemandes dans la Shoah, signe la fin de la toute confiance des populations dans la science et la technologie et leur utilisation au service du progrès et du bien de l’humanité.

    Si les grands instituts publics, qui se sont multipliés et spécialisés au fur et à mesure des avancées de la science, sauvent la mise en ouvrant les portes de la recherche publique, ce n’est pas le cas de certaines branches industrielles qui, a contrario, mettent en pratique l’adage pour vivre heureux, vivons cachés.

    Mais, les scandales des années 1970/80 tels que l’affaire du sang contaminé, l’amiante ou la crise de la vache folle… éclaboussent finalement tout le monde et aggravent la défiance du public vis-à-vis de l’information qui leur est délivrée sur les avancées de la recherche et leurs applications scientifiques, techniques ou technologiques. C’est l’apparition du fameux principe de précaution inscrit dans la Loi en 1995 destiné à rassurer l’opinion publique et à faire prendre conscience du nécessaire changement que la France doit opérer dans le rapport entre les sciences, l’innovation et la société.

    L’arrivée du numérique, mais surtout la transformation sociétale induite par les réseaux sociaux, mettent en évidence l’attente d’une information précise, documentée et compréhensible par le plus grand nombre. Avec une pression supplémentaire en ce qui concerne le monde industriel, que l’opinion publique soupçonne de faire valoir ses bénéfices sur l’éthique ainsi que sa responsabilité sociétale ou environnementale comme le montre l’affaire du Médiator.

    La vulgarisation : une voie vers la réconciliation

    L’expression vulgarisation de la science apparaît en pleine révolution industrielle au 19e siècle. Si la définition du mot n’a pas changé, les enjeux de la vulgarisation ont opéré une véritable révolution, passant de la transmission de connaissances d’une communauté savante à un public néophyte, à leur positionnement sur le plan sociétal.

    Ainsi aujourd’hui, il s’agit pour le public de devenir des citoyens éclairés afin de participer aux choix de société et d’agir en conscience. Pour les chercheurs, ces enjeux portent sur la relation entre leurs recherches et les besoins de la société civile, la nécessité de favoriser les échanges pluridisciplinaires sur ces questions complexes de façon à permettre un débat démocratique et la mise en délibération de choix de société éclairés. 

    C’est finalement pour les industriels que les défis sont les plus nombreux car en donnant l’accès à un socle de connaissances accessibles au grand public et en répondant de manière intelligible aux questionnements des citoyens, ils favorisent l’acceptabilité de leur activité et concourent à faire taire rumeurs et suspicions. Ils activent aussi un levier éthique pour désamorcer les conflits. Et enfin, ils assurent leur avenir en suscitant des vocations et l’émergence des talents de demain.